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transporter chez elle, c’est que j’ai cru nécessaire de la changer de milieu et d’atmosphère. Plus d’émotion. Elle a eu sa part, et vous risqueriez de tout gâter en vous montrant.

— Vous avez raison, dit Patrice, mais vous êtes bien sûr ?…

— Qu’elle est vivante ? fit don Luis, en riant. Comme vous et moi, et toute prête à vous donner le bonheur que vous méritez et s’appeler Mme Patrice Belval. Un peu de patience seulement. Et puis, ne l’oubliez pas, il y a encore un obstacle à surmonter, mon capitaine, car, enfin, quoi, elle est mariée…

Il ferma la porte et ramena Patrice devant Essarès bey.

— Voilà l’obstacle, mon capitaine. Êtes-vous résolu, cette fois ? Entre maman Coralie et vous, il y a encore ce misérable. Qu’allez-vous en faire ?

Essarès, lui n’avait même pas regardé dans la chambre voisine, comme s’il avait su que la parole de don Luis Perenna ne pouvait pas être mise en doute. Courbé, sans force, impuissant, il grelottait sur son fauteuil.

Don Luis l’interpella :

— Dis donc, chéri, tu n’as pas l’air à ton aise. Qu’est-ce qui te chiffonne ? Tu as peur, peut-être ? Pourquoi ? Je te promets que nous ne ferons rien sans nous mettre d’accord au préalable et sans que nous soyons tous trois du même avis. Cela te déride, hein ! cette idée ! On va te juger à nous trois. Et tout de suite. Le capitaine Patrice Belval, don Luis Perenna et le vieux Siméon se constituent en tribunal. Les dé-