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le vieux Siméon, de se détacher et de courir après nous.

Tous quatre se servant d’une seule main, car, de l’autre, ils se cramponnaient à leur portefeuille, tous quatre ils fixèrent au fauteuil le bras d’Essarès, tandis que celui-ci maugréait :

— Imbéciles ! Vous étiez venus avec l’intention de me voler un secret dont vous connaissez l’importance inouïe, et vous perdez l’esprit pour une misère de quatre millions. Tout de même, le colonel avait plus d’estomac.

On le bâillonna de nouveau, et Bournef lui assena sur la tête un coup de poing formidable qui l’étourdit.

— Comme cela, notre retraite est assurée, dit Bournef.

Un de ses compagnons demanda :

— Et le colonel, nous le laissons ?

— Pourquoi pas ?

Mais la solution dut lui paraître mauvaise, car il reprit :

— Après tout, non, notre intérêt n’est pas de compromettre davantage Essarès. Notre intérêt à tous est de disparaître le plus vite possible, Essarès comme nous, avant que cette damnée lettre du colonel arrive à la préfecture, c’est-à-dire, je suppose, avant midi.

— Et alors ?

— Alors, chargeons-le dans l’auto et on le déposera n’importe où. La police se débrouillera.

— Et ses papiers ?

— Nous allons le fouiller en cours de route. Aidez-moi.

Ils bandèrent la blessure pour que le sang ne coulât plus, puis ils soulevèrent le cadavre, chacun le prenant par un membre, et ils sortirent sans qu’aucun d’eux eût lâché une seconde son portefeuille.

Patrice les entendit qui traversaient en