Page:Leblanc - Les Aventures extraordinaires d’Arsène Lupin (extrait Une aventure d’Arsène Lupin), 2004.djvu/20

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LUPIN, très dégagé. – J’étais justement en train de l’expliquer à Mademoiselle. Je me suis trompé d’étage. (Il esquisse un mouvement vers le fond de la scène. Le sous-chef lui barre la route.)

DIMBLEVAL. – Trompé d’étage ! Je connais tout le monde ici ! Votre nom, Monsieur ? (Lupin tire une carte et la donne.) « Horace Daubry, explorateur ». (Méfiant :) Explorateur.

LUPIN, confirmant. – Explorateur… De passage à Paris, je rendais visite à un de mes amis, au-dessus.

DIMBLEVAL. – Au-dessus ! c’est le toit !…

LUPIN essaye de passer, le sous-chef s’y oppose. – Descendons, je vous expliquerai.

LE SOUS-CHEF, à haute voix. – Expliquez-vous avec Monsieur, d’abord.

DIMBLEVAL, le prenant par le bras. – Comment êtes vous venu ici ?

LUPIN. – À pied.

DIMBLEVAL. – Je vous demande comment vous êtes entré.

LUPIN. – Par la porte.

DIMBLEVAL. – Impossible. Elle était fermée. Répondez moi de la façon la plus précise, Monsieur, sans quoi… (Il regarde sa fille.) Sans quoi je pourrais supposer que quelqu’un vous a ouvert, Monsieur, et je voudrais savoir à quel moment, car la maison était gardée. (Brusquement, à sa fille :) Mais, réponds, toi, tu étais là !… Tu sais… tu parlais avec ce monsieur… alors… alors… réponds…

MARCELINE. – Eh bien, oui, papa.

DIMBLEVAL. – Ah ! (Un silence. Avec solennité :) Monsieur le sous-chef, ceci est une affaire de famille qui ne regarde pas la police. Mais réponds, toi.

LUPIN, intervenant. – Non, Mademoiselle, non, je n’accepte pas… non, pour rien au monde. (Se retournant.) Le nom que porte cette carte n’est pas le mien. Mon nom est plus scandaleux, mais c’est le nom d’un honnête homme à sa manière, d’un homme qui aimerait mieux vous tuer tous les deux (geste de terreur des deux hommes) que de faire le plus léger tort à une femme (il la salue) et je ne suis pas venu ici pour faire la cour à Mademoiselle… J’avoue pourtant que depuis que j’ai eu l’honneur de la voir, il est très possible que je revienne (à Dimbleval) ne fût-ce que pour vous demander sa main.

LE SOUS-CHEF, s’approchant. – En ce cas, Monsieur, pour quel motif ?

DIMBLEVAL. – Allons, voyons, Marescot, ne vous laissez pas berner. Je vous dis, moi, que cette affaire ne regarde pas la police.

LUPIN. – Eh bien, qu’est-ce qu’il vous faut ?