Page:Leblanc - Les Aventures extraordinaires d’Arsène Lupin (extrait Une aventure d’Arsène Lupin), 2004.djvu/24

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LE SOUS-CHEF, courant vers Lupin. – Allons, en route. (Au moment où il tourne le dos, les deux agents de police qui encadrent Lupin saisissent les bras du sous-chef. Il se débat, stupéfait.) Eh bien quoi ? qu’est-ce que ça veut dire ? (Un temps, il les regarde, regarde Lupin et s’écrie :) Crénom de Dieu, des complices ! (Il les repousse violemment, se jette sur la porte du fond.) À moi les amis, à moi ! (Il ouvre. Dans le vestibule, on aperçoit six agents de police en uniforme, solides, puissants. Dimbleval et les agents de la Sûreté sont auprès d’eux, ligotés, bâillonnés et ficelés sur des chaises. Il balbutie :) Ah ! les bandits !

LUPIN, présentant. – Ma garde personnelle… service de la contre-Sûreté… De beaux gars, hein ? (Sur un signe de Lupin, un des deux premiers agents de police a immobilisé le sous-chef à l’aide de vieilles étoffes. Lupin demande à l’autre :) Tu ne m’as donc pas reconnu tout à l’heure ?

L’AGENT DE POLICE. – Non, chef, je suis nouveau et il faisait noir… Et puis, d’après Caroline, on s’attendait…

LUPIN. – À la barbe rousse, n’est-ce pas ? C’est de ma faute. (Il s’est retourné vers les captifs.) Et maintenant, la retraite ! Spectacle enchanteur ! Si je pouvais prendre un petit croquis ! (Tirant de sa poche un petit appareil de photographie et une lampe de magnésium, il braque l’appareil et la tête penchée sur le viseur :) Le groupe est délicieux !… tout à fait réussi… Marescot, pas de grimaces… mais oui, mon gros, t’as l’air pensif… Dimbleval, une risette… bien, ne bougeons plus… Crac ! ça y est !… un instantané pour le journal ! (Mais la porte s’est ouverte précipitamment et un agent en uniforme bondit en criant :) La police !… (Alors, débandade, effarement.)

LUPIN, très calme. – Demi-tour ! par l’escalier des modèles et en bon ordre ! (Les agents se sauvent. On sonne au vestibule.) Va donc ouvrir, Marescot !… (Il crie :) On n’entre pas ! Où sont mes affaires ? Marescot, qu’est-ce que tu as fait de mes défroques ? (On sonne encore.) Une seconde, nom d’un chien, vous ne voudriez pourtant pas que je sorte sans chapeau ! Dis donc, tu as bien un petit manteau. (Il en trouve un.) Ah ! voilà ! merci ! te dérange pas… (Par la porte des modèles entre un des complices en uniforme.) Chef, l’auto est avancée !

LUPIN. – Je viens. (Il salue et sort, les prisonniers font des efforts désespérés pour se délivrer de leurs liens. Lupin, rentrant comme s’il avait oublié quelque chose, va prendre tranquillement le collier dans la poche de Dimbleval.) Maintenant que je sais qu’il n’est plus à toi, j’ai moins de scrupules. Tu vois, le bien mal acquis ne profite jamais… qu’à moi. (Il va pour repartir, quand Marescot qui a réussi à dégager un de ses bras a braqué le revolver-vaporisateur que lui avait donné Lupin, et il tire, en criant :) Tiens, canaille !