Page:Leblanc - Les Confidences d’Arsène Lupin.djvu/138

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illustré par elle, prôné comme l’adversaire le plus redoutable des malfaiteurs, il devenait absolument ridicule si Prévailles était relâché.

Par malheur, l’unique et indispensable preuve était dans la poche de Lupin. Comment l’y reprendre ?

Ganimard chercha, il s’épuisa en nouvelles investigations, refit l’enquête, passa des nuits blanches à scruter le mystère de la rue de Berne, reconstitua l’existence de Prévailles, mobilisa dix hommes pour découvrir l’invisible saphir. Tout fut inutile.

Le vingt-sept décembre, le juge d’instruction l’interpella dans les couloirs du palais.

« Eh bien, monsieur Ganimard, du nouveau ?

— Non, monsieur le juge d’instruction.

— En ce cas, j’abandonne l’affaire.

— Attendez un jour encore.

— Pourquoi ? Il nous faudrait l’autre bout de l’écharpe l’avez-vous ?

— Je l’aurai demain.

— Demain ?

— Oui, mais confiez-moi le morceau qui est en votre possession.

— Moyennant quoi ?

— Moyennant quoi je vous promets de reconstituer l’écharpe complète.

— Entendu. »

Ganimard entra dans le cabinet du juge. Il en sortit avec le lambeau de soie.

« Crénom de bon sang, bougonnait-il, j’irai la chercher, la preuve, et je l’aurai… Si toutefois M. Lupin ose venir au rendez-vous.

Au fond, il ne doutait pas que M. Lupin n’eût cette audace, et c’était ce qui, précisément,