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Page:Leblanc - Les Confidences d’Arsène Lupin.djvu/149

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prêter plus d’attention à un incident qui devait se reproduire chaque jour. Le chien redoubla de colère, debout sur ses pattes, et tirant sur son collier au risque de s’étrangler.

Trente ou quarante pas plus loin, impatientée sans doute, elle se retourna et fit un geste de la main. Le danois eut un sursaut de rage, recula jusqu’au fond de sa niche, et bondit de nouveau, irrésistible. La jeune fille poussa un cri de terreur folle. Le chien franchissait l’espace, en traînant derrière lui sa chaîne brisée.

Elle se mit à courir, à courir de toutes ses forces, et elle appelait au secours désespérément. Mais, en quelques sauts, le chien la rejoignait.

Elle tomba, tout de suite épuisée, perdue. La bête était déjà sur elle, la touchait presque.

À ce moment précis, il y eut une détonation. Le chien fit une cabriole en avant, se remit d’aplomb, gratta le sol à coups de patte, puis se coucha en hurlant à diverses reprises, un hurlement rauque, essoufflé, qui s’acheva en une plainte sourde et en râles indistincts. Et ce fut tout.

« Mort, » dit Lupin, qui était accouru aussitôt, prêt à décharger son revolver une seconde fois.

La jeune fille s’était relevée, toute pâle, chancelante encore. Elle examina, très surprise, cet homme qu’elle ne connaissait pas, et qui venait de lui sauver la vie, et elle murmura :

« Merci… J’ai eu bien peur… Il était temps… Je vous remercie, Monsieur. »

Lupin ôta son chapeau.

« Permettez-moi de me présenter, Mademoi-