Page:Leblanc - Les Confidences d’Arsène Lupin.djvu/170

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que lui, et elle mourut l’année même de ses secondes noces. Elle laissait Jeanne aux soins de M. Darcieux. Celui-ci l’emmena d’abord à l’étranger, puis acheta ce château, et, comme personne ne le connaissait dans le pays, il présenta l’enfant comme sa fille. Elle-même ignore la vérité sur sa naissance. »

Le docteur demeurait confondu. Il murmura :

« Vous êtes certain de ces détails ?

— J’ai passé ma journée dans les mairies de Paris. J’ai compulsé les états civils, j’ai interrogé deux notaires, j’ai vu tous les actes. Le doute n’est pas possible.

— Mais cela n’explique pas le crime, ou plutôt la série des crimes.

— Si, déclara Lupin, et, dès le début, dès la première heure où j’ai été mêlé à cette affaire, une phrase de Mlle Darcieux me fit pressentir la direction qu’il fallait donner à mes recherches. « J’avais presque cinq ans lorsque ma mère est morte, me dit-elle. Il y a de cela seize ans. » Donc Mlle Darcieux allait prendre vingt et un ans, c’est-à-dire qu’elle était sur le point de devenir majeure. Tout de suite, je vis là un détail important. La majorité, c’est l’âge où l’on vous rend des comptes. Quelle était la situation de fortune de Mlle Darcieux, héritière naturelle de sa mère ? Bien entendu, je ne songeai pas une seconde au père. D’abord on ne peut imaginer pareille chose, et puis la comédie que jouait Darcieux impotent, couché, malade…

— Réellement malade, interrompit le docteur.

— Tout cela écartait de lui les soupçons… d’autant plus que, lui-même, je le croyais en