Page:Leblanc - Les Confidences d’Arsène Lupin.djvu/255

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la conduite d’Angélique. Devant ce visage mélancolique, disgracieux, mais d’une telle douceur, il resta un moment décontenancé, presque confus. Il ne pensait plus à rire. Un sentiment de respect, où il y avait des remords et de la bonté, pénétrait en lui.

« Pourquoi me sauvez-vous ? murmura-t-il.

— Vous êtes mon mari. »

Il protesta :

« Mais non… Mais non… C’est un titre que j’ai volé. La loi ne reconnaîtra pas ce mariage.

— Mon père ne veut pas de scandale, dit-elle.

— Justement, fit-il avec vivacité, justement j’avais envisagé tout cela, et c’est pourquoi j’avais emmené votre cousin d’Emboise à proximité. Moi disparu, c’est lui votre mari. C’est lui que vous avez épousé devant les hommes.

— C’est vous que j’ai épousé devant l’Église.

— L’Église ! l’Église ! il y a des accommodements avec elle… On fera casser votre mariage.

— Sous quel prétexte avouable ?

Il se tut, réfléchit à toutes ces choses insignifiantes pour lui et ridicules, mais si graves pour elle, et il répéta plusieurs fois :

— C’est terrible… c’est terrible… j’aurais dû prévoir… »

Et tout à coup, envahi par une idée, il s’écria, en frappant dans ses mains :

— Voilà ! j’ai trouvé. Je suis au mieux avec un des principaux personnages du Vatican. Le Pape fait ce que je veux… J’obtiendrai une audience et je ne doute pas que le Saint-Père, ému par mes supplications… »

Son plan était si comique, sa joie si naïve