Il y eut entre Lupin et moi un instant de silence, et, l’ayant observé, je notai sur son visage une certaine émotion, un peu de mélancolie.
Je repris : « Pourquoi vous êtes-vous résolu à me raconter cette histoire… à laquelle vous avez fait souvent allusion devant moi ?
— Pourquoi ? »
Il me montra, d’un signe, une femme très belle encore qui passait devant nous, au bras d’un jeune homme.
Elle aperçut Lupin et le salua.
« C’est elle, fit-il, c’est elle avec son fils.
— Elle vous a donc reconnu ?
— Elle me reconnaît toujours, quel que soit mon déguisement.
— Mais, depuis le cambriolage du Château de Thibermesnil, la police a identifié les deux noms de Lupin et d’Horace Velmont.
— Oui.
— Elle sait par conséquent qui vous êtes ?
— Oui.
— Et elle vous salue ? m’écriai-je malgré moi.
Il m’empoigna le bras, et, violemment :
« Croyez-vous donc que je sois Lupin pour elle ? Croyez-vous que je sois à ses yeux un cambrioleur, un escroc, un gredin ?… Mais je serais le dernier des misérables, j’aurais tué, même, qu’elle me saluerait encore.
— Pourquoi ? Parce qu’elle vous a aimé ?
— Allons donc ! ce serait une raison de plus, au contraire, pour qu’elle me méprisât.
— Alors ?
— Je suis l’homme qui lui a rendu son fils !