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Page:Leblanc - Les Dents du Tigre, paru dans Le Journal, du 31 août au 30 octobre 1920.djvu/227

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éloge. Vous nous avez sauvé la vie, ces messieurs et moi nous tenons à le déclarer de la façon la plus formelle. Pour ma part, c’est la seconde fois.

— Il est un moyen très simple de me remercier, monsieur le préfet, reprenait don Luis, c’est de me permettre d’aller jusqu’au bout de ma tâche.

— De votre tâche ?

— Oui, monsieur le préfet. Mon acte de cette nuit n’en est que le début. L’achèvement, c’est la libération de Marie-Anne Fauville et de Gaston Sauverand.

M. Desmalions sourit :

— Oh ! Oh !

— Est-ce trop demander, monsieur le préfet ?

— On peut toujours demander, mais encore faut-il que la demande soit raisonnable. Or, il ne dépend pas de moi que ces personnes soient innocentes.

— Non, mais il dépend de vous, monsieur le préfet, que vous les préveniez, si je vous démontre leur innocence.

— Ma foi, oui, si vous me le démontrez d’une façon irréfutable.

— Irréfutable…

Malgré tout, et plus encore que les autres fois, l’assurance de don Luis impressionnait M. Desmalions, qui insinua :

— Les résultats de l’enquête sommaire que nous avons faite vous aideront peut-être. Ainsi, nous avons acquis la certitude que la bombe a été placée à l’entrée de cette antichambre et tout probablement sous les lames mêmes du parquet.

— Inutile, monsieur le préfet. Ce ne sont là que des détails secondaires. L’essentiel, maintenant, c’est que vous connaissiez la vérité totale, et non point seulement par des mots.

Le préfet s’était rapproché de lui. Les magistrats et les agents l’entouraient. On épiait ses paroles et ses gestes avec une impatience fiévreuse. Était-ce possible que cette vérité, si lointaine encore et si confuse malgré toute l’importance que l’on attachait aux arrestations déjà opérées, pût enfin être connue ?

L’heure était grave, les cœurs se serraient. L’annonce de l’explosion, faite par don Luis, donnait à ses prédictions une valeur de chose accomplie, et ceux qu’il avait sauvés de la terrible catastrophe n’étaient pas loin d’admettre comme des réalités les affirmations les plus invrai-