Page:Leblanc - Les Dents du Tigre, paru dans Le Journal, du 31 août au 30 octobre 1920.djvu/258

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Mlle Gertrude ? La nouvelle…

— Oui… oui… vite… on la cherche là-haut…

— Qui ?

— Ah ! sacré nom, dites-moi quel chemin elle a pris ?

— Ici… cette porte…

Don Luis s’élança, franchit un petit vestibule, et se précipita dehors, sur l’avenue des Ternes.

— Eh bien, en voilà une course, cria Mazeroux qui le rejoignait.

Don Luis observait l’avenue. Sur une petite place voisine, la place Saint-Ferdinand, un autobus démarrait.

— Elle y est, affirma-t-il, cette fois, je ne la lâche plus.

Il héla un taxi.

— Chauffeur, suivez l’autobus à cinquante mètres de distance.

Mazeroux lui dit :

— C’est Florence Levasseur ?

— Oui.

— Elle est raide, celle-là ! ronchonna le brigadier.

Et, avec une violence soudaine :

— Mais enfin, patron, vous ne voyez donc rien du tout ? Vrai, on n’est pas aveugle à ce point !

Don Luis ne répliqua pas.

— Mais patron, la présence de Florence Levasseur dans cette clinique démontre, par , que c’est elle qui a donné l’ordre au domestique de m’apporter cette lettre de menaces contre vous, et, alors, plus de doutes ! Florence Levasseur dirige toute l’affaire ! Et, vous le savez comme moi, avouez-le ! Depuis dix jours, vous êtes peut-être arrivé, par amour pour cette femme, à la considérer comme innocente malgré toutes les preuves qui l’accablent. Mais aujourd’hui, la vérité vous crève les yeux. Je le sens, j’en suis sûr. N’est-ce pas, patron, je ne me trompe pas ? Vous y voyez clair ?

Cette fois, don Luis ne protesta pas. Le visage contracté, les yeux durs, il surveillait l’autobus qui, à ce moment, stoppait au coin du boulevard Haussmann.

— Halte ! cria-t-il à son chauffeur.

La jeune fille descendait. Sous son costume d’infirmière, il fut facile de reconnaître Florence Levasseur. Elle examina les alentours, comme une personne qui s’assure qu’elle n’est pas suivie, puis monta dans une voiture et se fit conduire, par le boulevard et la rue de la Pépinière, jusqu’à la gare Saint-Lazare.

De loin, don Luis la vit monter les es-