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tait à la Préfecture comme la preuve la plus irréfragable ?

Il hésita une seconde. Cette preuve, la garderait-il pour lui, pour l’enquête personnelle qu’il voulait mener ? ou bien l’abandonnerait-il aux investigations de la justice ? Mais il éprouvait au contact de cet objet une telle répugnance, un tel malaise physique, qu’il rejeta la pomme et la fit rouler sous le feuillage.

Et il redisait en lui-même :

— Les dents du tigre !… les dents de la bête fauve !

Il referma la porte du jardin, poussa le verrou, remit le trousseau de clefs sur la table, et dit à Mazeroux :

— Tu as parlé au préfet de police ?

— Oui.

— Il vient ?

— Oui.

— Il ne t’a pas donné l’ordre de téléphoner au commissaire de police ?

— Non.

— C’est qu’il veut tout voir par lui-même. Tant mieux ! Mais la Sûreté ? Le Parquet ?

— Il les a prévenus.

Les dents du tigre !… les dents de la bête fauve !

— Qu’est-ce que tu as, Alexandre ? Il faut te tirer les réponses du fond des entrailles. Et bien, et après ? Tu me lorgnes d’un drôle d’air ? Qu’y a-t-il ?

— Rien.

— À la bonne heure. C’est cette histoire sans doute qui t’a tourné la tête. De fait, il y a de quoi… Et le préfet ne va pas rigoler… D’autant qu’il s’est confié à moi un peu à la légère et qu’on lui demandera des explications sur ma présence ici… Ah ! à ce propos, il est de beaucoup préférable que