Page:Leblanc - Les Dents du Tigre, paru dans Le Journal, du 31 août au 30 octobre 1920.djvu/63

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

t’approuve même. Seulement, tu vas m’expliquer la raison pour laquelle le préfet de police…

Le brigadier ne répondit pas, mais ses yeux avaient une expression si douloureuse que don Luis sursauta, comprenant tout à coup.

— Non… non, s’écria-t-il, c’est absurde… il n’a pas pu avoir cette idée… Et toi, Mazeroux, est-ce que tu me crois coupable ?

— Oh ! moi, patron, je suis sûr de vous comme de moi-même… Vous ne tuez pas, vous !… Mais, tout de même, il y a des choses, des coïncidences…

— Des choses… des coïncidences… répéta don Luis, lentement.

Il demeura pensif, et, tout bas, il scanda :

— Oui… au fond… il y a du vrai dans ce que tu dis… Oui tout ça coïncide… Comment n’y ai-je pas songé ?… Mes relations avec Cosmo Mornington, mon arrivée à Paris pour l’ouverture du testament, mon insistance pour passer la nuit ici, le fait que la mort des deux Fauville me donne sans doute les millions… Et puis… et puis… Mais il a mille fois raison, ton préfet de police !… D’autant plus… Enfin… enfin… quoi ! je suis fichu.

— Voyons, patron.

Halte ! ou je fais feu !

— Fichu, camarade, mets-toi bien ça dans la caboche… Non pas fichu en tant qu’Arsène Lupin, ex-cambrioleur, ex-forçat, ex tout ce que tu voudras… sur ce terrain-là, je suis inattaquable… mais fichu en tant que don Luis Perenna, honnête