Page:Leblanc - Les Heures de mystère, paru dans Gil Blas, 1892-1896.djvu/18

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

LA VIERGE DE FER


Il est à Nuremberg, au sommet de la ville, en un coin du vieux château, une sinistre tour, jadis lieu de torture. On en a fait un musée d’horreurs.

J’y pénétrai. Le gardien me donna un petit manuscrit où je trouvai, en français, les renseignements désirables. Et il me conduisit.

Alors je vis tout ce que l’homme a inventé de plus ingénieux pour faire souffrir l’homme. Je vis la mignonne pince qui servait à arracher la langue. Elle fut employée pour la dernière fois en 1814. Je vis celle qui extirpait les ongles, celle qui enlevait discrètement, à chaque coup, une cinquantaine de cheveux. Je vis, chose redoutable entre toutes, paraît-il, les colliers de pointes qui défendaient le sommeil. Je vis le berceau (quel nom ironiquement aimable pour désigner l’espèce de lit garni de clous où l’on berçait le patient !).

Mais surtout, au second étage, seule dans la chambre qu’elle occupe, je vis, je vis la Vierge de fer.