Page:Leblanc - Les Heures de mystère, paru dans Gil Blas, 1892-1896.djvu/62

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

passa des heures cruelles. Elle entendit bien la coupable gratter à la porte et se lamenter, mais elle n’ouvrit point.

Elles ne se rencontrèrent que le soir, comme Angélique descendait à la cuisine pour y préparer le repas. Nul mot ne fut échangé. L’aînée dîna seule. En un coin de pièce qui servait d’office, elle mit une pâtée. Puis elle monta et se coucha, toujours seule.

Les choses continuèrent ainsi. La rupture s’affirma définitive. Jamais, elle le sentait, elle ne pardonnerait à Léda son exécrable faute. Elle la condamnait impitoyablement, avec la même rigueur qu’une mère la déchéance de sa fille. En son cœur maternel tout un bloc s’était écroulé, de respect, d’estime, de confiance, de tendresse. Elle avait cru, sans même y réfléchir, que sa compagne était comme elle, honnête et chaste. Et, déçue, elle la taxait maintenant d’hypocrisie et de dévergondage.