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Page:Leblanc - Les Milliards d'Arsène Lupin, paru dans L'Auto, 1939.djvu/122

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— Qui alors ?

Victoire eut un regard autour d’elle et baissa la voix.

« Écoute ; depuis cette fameuse nuit, Angélique, la femme de ménage, a disparu. Or, j’ai appris de source certaine que cette Angélique avait été la maîtresse de Maffiano. Elle connaissait ses complices. Elle faisait leur cuisine et chaque soir allait les rejoindre. »

Horace réfléchit un moment.

« Alors, c’est Angélique qui aurait été tuée ? Je veux bien, moi… Mais, dans ce cas, explique-moi un peu pourquoi Angélique aurait pris la place de Patricia ? Pourquoi elle m’aurait attiré dans la tente ? Pourquoi Maffiano l’aurait-il assassinée ?… Pourquoi ?… Pourquoi ?…

— Angélique a saisi l’occasion de se rapprocher de toi… ce qu’elle désirait faire depuis longtemps… tu ne voyais pas les regards qu’elle te lançait…

— Alors, tu crois qu’elle était amoureuse de moi ? C’est flatteur !… Et Maffiano l’a tuée par jalousie… Pauvre type… C’est vrai qu’il n’a pas de veine avec ses bien-aimées… Chacune d’elles me préfère… Patricia… Angélique… Mais pourquoi ne m’a-t-il pas tué moi-même ?

— Ne m’as-tu pas dit que tu lui avais pris la carte lui donnant droit au partage final… Il a craint de ne pas la trouver sur toi, et toi mort de ne jamais la retrouver… Et puis, on a beau être un bandit déterminé, on n’ose pas comme ça tuer… Horace Velmont… »

Il secoua la tête.

« Tu as peut-être raison… Mais, tout de même, je ne m’y fierais pas trop. Enfin, admettons… Tu en as de la déduction et de la logique, ma bonne Victoire !…

— Ainsi, tu me crois ? Tu es convaincu ?

— Tes arguments me semblent indiscutables, et je les avale tout crus, c’est plus commode. Pauvre Angélique, tout de même !… »

Il plaignait la servante sauvagement assassinée par une brute, mais avec un espoir frémissant il se disait que Patricia était vivante…

Dans la nuit qui suivit cette conversation, Velmont fut réveillé par la vieille nourrice.

Il se dressa dans son lit et, se frottant les yeux, il l’apostropha :