Page:Leblanc - Les Milliards d'Arsène Lupin, paru dans L'Auto, 1939.djvu/140

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bronze qui s’ouvrait à l’autre extrémité de la salle. Des caissons de cœur de chêne cloutés de fer renforçaient le plafond. Les murailles étaient blindées de plaques d’acier.

Dans la salle, une quarantaine d’hommes se tenaient assis sur des fauteuils, le long des murs, ou bien groupés autour d’une petite estrade occupée par les officiels du bureau. Parmi ceux-ci, on remarquait un adolescent pâle et maigre, à l’œil froid. Il jouait au conventionnel, singeait Robespierre par son attitude et le muscadin par son costume ; monocle collé à l’œil, gourdin à la main, et redingote à large col de velours et haute cravate.

Les quarante autres conjurés étaient presque tous des gaillards à musculatures puissantes, à mâchoires carrées, à faces brutales et vulgaires.

Tous se levèrent d’un même mouvement lorsque le timbre d’un gong eut annoncé le dernier arrivant.

Horace Velmont les observa avec un sourire railleur et s’exclama avec une fausse admiration insolente :

« Hurrah pour les camarades gangsters ! »

L’effet produit fut fâcheux. Les quarante s’estimèrent offensés. Le mot « gangsters » leur parut désobligeant. Ils élevèrent un murmure désapprobateur.

Cependant, le jeune homme pâle, sur l’estrade, intervint. Il frappa la table avec un coupe-papier, et, ayant ainsi ramené le silence, dit :

« Excusez-le, il ne nous connaît pas. C’est le correspondant français qui a vendu jadis à M. Mac Allermy les renseignements nécessaires à notre cause. »

Et, tout de suite, il commença d’une voix grêle, dont il essayait de corriger la faiblesse par des coups de poing et des attitudes implacables :

« Gentlemen, c’est aujourd’hui la première assemblée générale prévue dès le début par notre comité d’action, et je me crois obligé de donner quelques explications à ceux d’entre vous qui sont venus grossir nos rangs depuis ce début. Comme vous le savez, mes amis, notre association date de plusieurs siècles et fut formée par des hommes de courage, pleins de foi religieuse, désireux de secourir la papauté aux temps troublés de la Renaissance, alors que les papes défendaient l’esprit de la civilisation romaine et latine, contre les Barbares du Nord, Francs et Germains.