Page:Leblanc - Les Milliards d'Arsène Lupin, paru dans L'Auto, 1939.djvu/163

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expliqua Lupin à Patricia, et on aura des petites choses à rapporter. »

Quand en moins d’une heure les autos atteignirent la banque, Lupin, accompagné de Patricia et suivi de ses hommes, retourna à la grande pièce du rez-de-chaussée et cette fois gagna la salle des coffres-forts.

Il avait les clefs. Il ouvrit le premier des coffres après avoir manœuvré les lettres de la serrure.

Vide !

Une deuxième tentative… une troisième… une quatrième… Vides ! Les coffres étaient vides ! Les richesses s’étaient évanouies.

Lupin ne manifesta pas d’émotion. Il eut un gloussement gouailleur.

« Les coffres ? vides… Mes économies ? boulottées… Mon fric ? envolé… »

Patricia, qui l’observait, lui demanda :

« Avez-vous une idée ?

— Plus qu’une idée.

— Quoi donc ?

— Je ne sais pas encore. Mais rien ne m’est plus agréable que de chercher au fond de moi, tandis que je parle, sans avoir l’air de penser à rien. »

Il appela un des gardiens de la banque ; l’homme, se rendant compte que la terrible tigresse n’était plus là, s’approcha.

« Faites venir M. Angelmann », ordonna Lupin.

Puis il retomba en méditation.

Angelmann, qu’on avait été chercher dans ses appartements, où il s’était confiné pendant la bagarre, apparut après quelques minutes.

Il tendit la main à Lupin.

« Mon cher Horace Velmont, très heureux de vous voir. Comment allez-vous ? »

Lupin ne prit pas la main tendue.

« Je vais comme un homme qui a été volé, dit-il. C’est toi qui m’as barboté mon argent. Tous les coffres sont vides. »

Angelmann sursauta :

« Vides ! Les coffres vides ! C’est impossible ! Ah !… Il tomba sur un siège, blême, haletant, presque en syncope.

« C’est le cœur ! gémit-il. J’ai une maladie de cœur. Cela me jouera un mauvais tour. Pourquoi m’annonces-tu les choses sans plus de précautions ?

— Je te dis ce qui est. Et si ce n’est pas toi