Chapitre I
Paule Sinner
James Mac Allermy, fondateur et directeur de Allo-Police, le plus grand journal de criminologie des États-Unis, venait d’entrer, en fin d’après-midi, dans la salle de rédaction. Entouré par quelques-uns de ses collaborateurs, il leur disait son opinion — encore bien incertaine d’ailleurs — relative à l’abominable crime commis, la veille, sur trois jeunes enfants, et que l’opinion publique, révoltée par ses circonstances particulières, avait aussitôt baptisé « Le massacre des trois jumeaux ».
Après quelques minutes de considérations sur la criminalité vis-à-vis de l’enfance en général, et sur le forfait de la veille en particulier, James Mac Allermy se tourna vers Patricia Johnston, sa secrétaire, qui, mêlée aux rédacteurs, l’écoutait :
« Patricia, c’est l’heure du courrier. Toutes les lettres sont-elles prêtes pour la signature ? Passons dans mon bureau, voulez-vous ?
— Tout est prêt, monsieur… Mais… »
Patricia s’interrompit. Prêtant l’oreille à un bruit insolite, elle acheva :
« Il y a quelqu’un dans votre bureau, Monsieur Mac Allermy ! »
Le directeur eut un haussement d’épaules.
« Quelqu’un dans mon bureau ? C’est impossible ! La porte sur l’antichambre est fermée au verrou.
— Mais votre entrée particulière, Monsieur ? »
Allermy sourit en tirant une clef de sa poche.
« La clef ne me quitte pas, la voici. Vous rêvez, Patricia… Voyons, allons travailler… vous m’excusez, Fildes, je vous fais attendre ! »
Il avait mis la main familièrement sur l’épaule d’un de ses assistants, non pas un de ses rédacteurs mais un de ses amis personnels, Fildes,