Page:Leblanc - Les Milliards d'Arsène Lupin, paru dans L'Auto, 1939.djvu/23

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vite et, semblait-il, avec inquiétude, regardant autour de lui, derrière lui… Patricia devait faire une extrême attention pour n’être pas vue. Elle n’osait se rapprocher et craignait de le perdre de vue au tournant de l’une des rues de ce quartier qu’elle ne connaissait pas. Et tout à coup il se mit à courir. Patricia courut, elle aussi, et se trouva sur une place où débouchaient plusieurs rues. Laquelle prendre ? L’homme avait disparu…

Patricia, un peu haletante, s’arrêta. Sa poursuite avait donc été vaine…

Dépitée, un peu honteuse de sa maladresse, elle haussa les épaules à l’adresse d’elle-même. Et elle se croyait habile… Ah ! le piètre détective qu’elle faisait ! Depuis des heures, elle était en surveillance, et voilà le résultat obtenu… Et elle s’apercevait à présent qu’elle ne savait même pas l’adresse de la mystérieuse boutique où s’étaient réunis les mystérieux personnages. Elle eût été bien incapable de la retrouver… Il y avait des arcades… Oui… Mais reconnaîtrait-elle l’endroit, même si on l’y conduisait ? Une soirée perdue… C’était le seul résultat de ses efforts…

Désorientée, mécontente d’elle-même, elle erra à l’aventure, suivit une large rue populeuse, bordée de bars violemment éclairés et fréquentés par une clientèle louche. Il y avait des cris, des rires. Patricia, inquiète, marchait vite, n’osant demander son chemin… Pas de police visible. Et voici que des individus de mauvaise mine la suivaient, essayaient de l’aborder. Elle marcha plus vite encore. Des bouffées d’air vif lui frappèrent le visage. Elle pensa qu’elle approchait du bord de l’eau. L’endroit devenait silencieux, désert et sombre. Elle se trouva sur un quai encombré de matériaux, de sacs de sable et de plâtre, de piles de bois et de rangées de tonneaux vides ou pleins.

La jeune femme tressaillit brusquement, une main brutale lui happait l’épaule.

« Ah ! te voilà donc, Patricia ! Trop heureux