Page:Leblanc - Les Milliards d'Arsène Lupin, paru dans L'Auto, 1939.djvu/34

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L’heure venue, Patricia s’embarqua sur le paquebot « Île-de-France ». Elle était seule. Une amie devait lui amener, deux ou trois semaines plus tard, son fils, le petit Rodolphe.

Tout de suite, la traversée fut pour la jeune femme un grand repos. L’isolement parmi les passagers étrangers, le calme de l’existence à bord répandaient sur elle leurs inévitables bienfaits. Il y a des heures dans la vie où l’on ne voit clair qu’en fermant les yeux. La mer vous apporte cette sérénité dont on a tant besoin à certains moments troubles et incertains.

Les deux premiers jours, Patricia ne quitta pas sa cabine. Aucun bruit à gauche, sa cabine étant au bout d’un couloir ; aucun bruit à droite : « Le passager voisin ne sortait jamais et restait étendu sur son lit », confia le steward à Patricia.

Mais, le troisième jour, revenant après une promenade sur le pont, elle constata que son sac de voyage et ses tiroirs étaient en désordre ; on avait fouillé chez elle… Qui avait fouillé ? Pour trouver quoi ?

Patricia fit vérifier les targettes qui, d’un côté et de l’autre, verrouillaient la porte de communication. Elles étaient intactes, les serrures fermées à double tour… Impossible de passer. Pourtant on avait passé.