Page:Leblanc - Les Milliards d'Arsène Lupin, paru dans L'Auto, 1939.djvu/42

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police, d’une minute à l’autre on peut vous arrêter pour deux crimes et les documents seront perdus pour nous.

— Pour nous ? Vous consentez donc à travailler pour moi, ma belle Patricia ?

— Non, pour moi et pour le journal.

— C’est-à-dire pour votre ancien ami, Allermy junior ?

— Il est mort, dit Patricia d’une voix sourde et sans pouvoir réprimer un frisson. On l’a jeté à l’eau. »

Sauvage haussa les épaules.

« Des blagues ! Quelqu’un est tombé à l’eau, oui… Et le junior, laissant croire que c’était lui, s’est caché parmi la foule des troisième classe. Vous n’avez donc pas lu les dernières nouvelles câblées de New York ?

— Alors, qui donc s’est noyé ?

— Un émigrant italien expulsé d’Amérique après de sales histoires. Il a dû vouloir faire du chantage…

— Et c’est l’homme qui m’a sauvée de vous qui l’a jeté à la mer ?

— Je ne connais pas cet homme.

— Vous mentez ! Vous lui avez dit qu’il était Arsène Lupin !

— Je n’ai aucune certitude. Peut-être est-ce lui… Peut-être pas… Mais, somme toute, vous réclamez le portefeuille ?

— Oui.

— Et si je refuse ?

— Je vous livre à la police.

— Soit. Mais d’abord, réglons nos comptes tous les deux. »

Il y eut un silence. Le Sauvage paraissait hésiter. Enfin, il grommela :

« Qu’est-ce que vous voulez que je fasse entre votre revolver et les flics… »

— Donnez-moi le portefeuille… Où l’avez-vous caché ?

— Sous mon oreiller. Attendez, vous allez l’avoir. »

Toujours sous la menace du petit revolver, le Sauvage se dirigea vers son lit, se pencha… Et, tout à coup, rapide comme l’éclair, bondit de côté, en même temps que l’oreiller du lit volait à travers la chambre, frappant Patricia au visage et lui faisant sauter des mains le revolver.

Le bandit s’empara de l’arme et marcha sur la jeune femme.