— Pourquoi m’appelez-vous prince ? demanda l’enfant.
— Parce que, dans un roman célèbre, il y a un prince qui s’appelle Rodolphe, et qui se joue de toutes les difficultés pour sauver ses amis et confondre ses ennemis. Tu es un type dans ce genre-là. Moi, j’ai peur…
— Pas moi ! dit l’enfant, venez ! »
Précédant Horace, Rodolphe retourna vers l’issue secrète, une lampe électrique à la main. Les boucles blondes de ses cheveux voltigeaient dans le courant d’air ; il traversa le palier, scrutant l’ombre de ses yeux aigus.
Il allait s’engager sur l’escalier dérobé, quand Horace le retint.
« Un instant. J’allais te dire ceci ; j’ai peur que l’extrémité de cette issue ne soit gardée. Ils la connaissent. »
Rodolphe haussa les épaules.
« Elle ne l’est pas, cette nuit.
— Comment le sais-tu ?
— Si elle avait été gardée, je n’aurais pas pu entrer.
— Ils t’ont peut-être laissé passer par inadvertance… ou bien pour m’attirer au-dehors avec toi. Du reste, tant pis, allons-y tout de même ! On verra bien ! »
L’enfant secoua la tête d’un air entendu.
« On ne verra rien du tout. Si je vous dis qu’il n’y a personne, c’est qu’il n’y a personne.
— Très bien, dit Horace, riant de nouveau. Mais laisse-moi passer devant.
— Si vous voulez, dit Rodolphe. Mais je connais le chemin, c’est par là que je suis venu. L’issue aboutit à une petite maison sur la rue, près de votre garage. Maison vide, rue déserte. J’ai tout vu. Maman m’avait expliqué. On peut y aller. Rien à craindre. En outre, j’ai averti dans votre garage. Ils ont sorti votre auto. Elle nous attend, sans personne.
— Laquelle ?
— La huit cylindres.
— Bigre ! C’est toi qui conduis ?
— Non. Vous. »
Sans avoir rencontré âme qui vive, ils arrivèrent dans la rue où, en effet, attendait l’auto. Ils y sautèrent. Horace se mit au volant.