Page:Leblanc - Une femme, 1893.djvu/108

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Elle repartit, simplement :

— Demain, ici, à deux heures.

Elle s’éloigna. Aussitôt Amédée se reprocha sa timidité. Il laissait une mauvaise impression. Pour l’effacer, il courut après Lucie, lui saisit le poignet et le couvrit de baisers, en bégayant :

— Je vous aime ! je vous aime !

Le soir, des amis de Robert vinrent fumer une cigarette et faire un whist. Ils remarquèrent la gentillesse de Mme Chalmin avec son mari.

— Quel charmant ménage, dirent-ils en s’en allant. Ça donne envie de les imiter.

Dans sa chambre, elle continua ses cajoleries. L’accent d’Amédée vibrait encore à son oreille. Et elle eût voulu que Robert murmurât comme l’autre : « Je t’aime, je t’aime ! » Elle eût voulu entendre son intonation spéciale dans les mêmes mots et comparer les deux voix, leur chaleur, leur tendresse, leur tremblement, surtout les sensations produites sur elle.

Elle ne réussit pas. Alors ayant constaté la présence de Richard sous ses fenêtres elle s’offrit en se déshabillant une longue méditation orgueilleuse. « Comme il m’aime, celui-là ! » songeait-elle. Un tel amour méritait des sacrifices : elle repoussa les caresses de Chalmin avec une fermeté déconcertante.

Elle consacra toute la matinée à sa toilette. Son corps fut l’objet de soins inusités. Pour-