briolet, haut perché sur ses quatre roues, muni à l’arrière d’un vaste coffre. Du drap bleu, défraîchi et crevé à divers endroits, capitonnait l’intérieur. Les ressorts étaient durs et l’on sautait de pavé en pavé.
Ils escaladèrent la rue de la République et la rue du Champ-des-Oiseaux. Amédée conduisait rondement. Le cheval, une grande bête efflanquée, au poil roux, à l’arête du dos tranchante, trottait par enjambées énormes qui secouaient les harnais et les brancards. En quelques minutes ils atteignirent l’octroi. Lucie ferma son parapluie et s’écria :
— Vous avez un rude cheval.
Il s’épanouit et modestement :
— Oui, c’est un canasson solide. Et je ne le presse pas. Sans cela, rien que le bruit du fouet et il va comme le vent. Ah ! nous avons brûlé la politesse à plus d’un « client », n’est-ce pas, Bichon ?
Et, se levant à demi, il tapota la croupe osseuse de l’animal.
La côte serpentait au creux d’un vallon entre deux haies touffues. De loin en loin, quelque ferme montrait son toit de chaume, ses poutres noires, et au milieu de la cour, une niche où des chiens aboyaient. Des vergers passaient, plantés de pommiers respectables, tordus, bossus, étayés, la tête neigeuse de fleurs. Des