Page:Leblanc - Une femme, 1893.djvu/154

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

cieuses, d’une peau d’ours noir, d’une paire de pantoufles en fourrure, d’une vareuse ouatée et d’une cave à liqueurs bien fournie.

C’était l’hiver. Il arrivait, lui, après son déjeuner, allumait du feu, se parfumait les cheveux et la moustache, se gargarisait avec de la menthe, recouvrait ses ongles d’une pâte spéciale, s’assouplissait les muscles par des mouvements réglés et s’enduisait le corps d’aromates subtils. Puis il s’étendait, et des heures passaient.

Les premiers mois, ces attentes souvent longues lui furent terribles. Il doutait toujours qu’elle consentît à revenir. Une fantaisie l’avait conduite auprès de lui, une autre l’en détournerait, et il se désespérait de sentir sa chair inassouvie, plus esclave que jamais.

Le bruit de ses pas dans le couloir le soulevait. Tout de suite il l’entraînait en pleine lumière. Et il lui secouait les mains en balbutiant : « Merci… merci… »

Pour atteindre à la lassitude, il multiplia les entrevues et tenta de s’épuiser, mais son désir s’exacerbait à chaque étreinte. Alors se jugeant inguérissable et redoutant de la perdre, ce fut à elle-même qu’il s’attaqua, à ses sens qu’il savait vierges ou mal éveillés.

Il agit habilement, lui révélant peu à peu toutes les perversités qu’elle souhaitait tant de connaître. L’initiation fut lente, progressive,