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Page:Leblanc - Une femme, 1893.djvu/185

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bation était tout extérieure. « Comme c’est vrai, ce que vous dites là ! » s’exclamait-elle, convaincue, sans que l’envie lui vînt d’obéir à cette vérité. Ces deux heures d’exaltation quotidienne lui suffisaient. Elle y puisait beaucoup d’estime pour elle-même et une grande indulgence pour ses faiblesses.

À l’issue de ces confidences elle prenait le tramway et s’en allait chez Lemercier.

En revanche, elle mettait à fuir parrain un acharnement méritoire. Là gisait sa probité, ce qui lui procurait l’illusion d’être honnête. Elle pouvait soutenir sans honte le regard de sa vieille amie, puisqu’elle ne la trahissait plus.

La liaison de Lucie et de Georges Lemercier ne comporta ni passion ni excès sensuels. Ce fut un passe-temps, un adultère de convenance. Les caresses finies, on causait. Georges initia sa maîtresse aux mystères de la vie parisienne, sujet captivant. Les célébrités de la capitale défilèrent, les actrices et les filles galantes, toutes celles dont on cite dans les journaux boulevardiers les noms, les robes et les déplacements. Les anecdotes foisonnaient. Et Lucie contemplait, bouche béante, avec vénération, cet homme qui avait partagé le lit des courtisanes illustres. Elle brûlait de les connaître. Elle rêva d’orgies en leur compagnie.

Lemercier dut à ses relations un relief con-