Page:Leblanc - Une femme, 1893.djvu/192

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Cette profession de foi obtint l’entière adhésion d’Henriette. Leur vertu réciproque leur parut intacte. Elles se vouèrent une estime inébranlable.

La droiture de leurs principes étant acquise, elles purent dès lors confesser l’ardente curiosité qui les poussait vers le mystère défendu.

— Qu’y a-t-il de si différent ? s’écriait Mme  Berchon. Pourtant l’impression ne doit pas changer parce qu’elle vient d’un amant au lieu de venir d’un mari ? Nos maris ont toujours été les amants d’autres femmes, et ils agissaient, je crois, avec ces femmes comme avec nous-mêmes.

Et Lucie, dominée par le rôle qu’elle jouait, répondait d’un air songeur :

— N’importe, ma chère, il y a bien une différence, sans cela pourquoi tant de femmes seraient-elles coupables ?

Elles consultèrent Marthe Miroux. D’un air distrait, elle soupira :

— Ah ! mon Dieu, si vous saviez comme ça m’est égal !

Elle avait des sourcils noirs qui se rejoignaient en une seule ligne épaisse, des yeux sévères et, tranchant, sur la pâleur livide de la peau, une bouche trop rouge, comme peinte au sang.

Elle parlait peu. Selon Mme  Berchon, elle devait avoir quelque peine secrète. De vagues plaintes formulées de part et d’autre et la froi-