Lucie feignit une grande modestie et serra pudiquement le haut de son peignoir. Mais, ainsi, elle plaquait l’étoffe souple qui se gonflait sur le double contour de sa poitrine.
S’efforçant d’assurer sa voix, Adrien jugea :
— C’est charmant, et d’un artistique !
Devant lui, la jeune femme, indifférente, paradait, cambrait les reins, se drapait dans le voile impalpable qui modelait les lignes de son corps.
Un autre jour, sous prétexte d’essayage, elle singea l’hésitation. Puis, comme excédée de toutes ces mesquineries indignes :
— Bah ! c’est moins inconvenant qu’au bal, fit-elle, n’est-ce pas ?
Elle déboutonna son corsage avec une lenteur calculée, de manière à n’élargir que progressivement l’intervalle où luisait sa peau. Puis elle l’enleva, et, durant toute cette séance de couture, elle se tint, les bras et la gorge nus, sans gêne ni afféterie.
Henriette, d’une nature peu ombrageuse, ne s’en formalisa point. Adrien regardait.
Elle poussa la perfection de son jeu à la dernière limite. De fait, elle excellait à cette agression patiente. Nul souci étranger n’en détournait son esprit. Tout son être et individuellement aussi, chaque partie de son être, membres et figure, chaque émanation, geste, sourire ou voix, concouraient à l’unique et même besogne.