Page:Leblanc - Une femme, 1893.djvu/226

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Cette proposition l’enchanta. Elle le rejoignit, sûre d’un plaisir nouveau. Elle fut déçue. La promenade languit. Les femmes s’observaient avec méfiance, la courtisane affectant une tenue guindée, Lucie ne voulant pas apporter moins de réserve. Paul et la Parisienne se disputèrent. Mme Chalmin regretta beaucoup son peintre.

De vilains mois d’été se succédèrent où Lucie recueillit peu de bonheur. Une bronchite contractée au bord de la mer lui interdit ses bains et, par là même, de s’exposer aux yeux d’inconnus émerveillés. Le temps fut pluvieux. Elle n’eut pas d’amant. La saison lui sembla bien morose.

Une distraction violente l’attendait à Croisset. Sa présence ralluma les désirs de parrain. Elle y céda. Mais Paul, sevré d’amour, réclama sa part de caresses. Pouvait-elle refuser ? Nécessairement, dans ce cadre étroit, dans la continuité des rapports quotidiens, un conflit devait se produire entre les deux hommes. Le soupçon naquit en eux simultanément. Certains petits faits les intriguèrent. Quelques-uns plus importants leur dévoilèrent la vérité.

Trompés l’un par l’autre, ils conçurent une jalousie déplorable dont Mme Chalmin subit les conséquences. Ils la torturèrent de leurs questions. Elle nia, indignée, qu’on l’accusât d’une telle noirceur. Mais ils s’espionnèrent et, de guerre lasse, elle avoua.