Page:Leblanc - Une femme, 1893.djvu/251

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séduction. Elle réédita en l’honneur d’Armand toutes les manœuvres qui avaient réduit à l’obéissance M. Bouju-Gavart, M. Berchon et tant d’autres. Elle ne négligea rien, ni les peignoirs qui moulent les formes, ni le corsage qu’on oublie de fermer, ni les faux mouvements qui laissent voir les jambes, ni le frôlement de la poitrine, ni le contact prolongé des mains nues.

Ce fut un supplice pour le malheureux. À bout de forces, il s’enferma chez lui.

Mais, par un beau soleil, Mme  Chalmin prit une voiture d’où elle descendit à Darnétal. Après s’être renseignée, elle aboutit au pied d’une colline, dans une vaste prairie où paissaient des vaches et des chevaux. Sous un saule, la pipe à la bouche, Boutron surveillait des hommes qui nettoyaient une rivière.

— Vous ! vous ! articula-t-il, avec une sorte d’effroi.

Elle s’empara de son bras :

— Oui, moi, moi qui viens vous chercher. Pourquoi ne vous voit-on plus ? Rien ne compromet autant une femme que ces absences non motivées.

Il eût voulu débiter quelque fadaise qui le dispensât de répondre, mais une explication loyale convenait mieux à sa franchise. Et il dit en phrases timides :

— Il y a des choses en vous, Madame… qui