Page:Leblanc - Une femme, 1893.djvu/258

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Il eut une hésitation, puis déclara :

— Demain soir.

Dès lors, elle afficha beaucoup de calme. Ses allures surprirent Javal. Elle tint à plier elle-même son habit et sa redingote. Et elle riait et conversait en pleine liberté d’esprit. Chez elle, au dîner, elle fut très gaie. Elle dormit paisiblement, reçut en se réveillant l’adieu matinal de Robert, se vêtit et rédigea une longue lettre qu’elle devait envoyer plus tard à son mari.

Après le déjeuner elle se permit une minute d’attendrissement en serrant son fils contre elle, puis le congédia. Enfin elle réunit ses bijoux et ses dentelles en un paquet bien ficelé. L’heure pressait. Elle s’en alla.

Elle s’en allait pour toujours, sans un regard en arrière. Son cœur ne battait pas plus vite. Son cerveau fonctionnait, lucide.

Le soleil dardait. Elle ouvrit son ombrelle, et elle marchait rapidement, sa fortune sous le bras, toute joyeuse du bonheur qu’elle apportait.

Devant la porte, rue de la Cigogne stationnait une voiture de déménagement. En montant l’escalier, Lucie croisa un homme chargé d’un fauteuil. Elle demanda :

— M. Javal est là-haut ?

L’individu répondit :

— Non, Madame, M. Javal a pris l’express de