Elle s’admirait en sa fille, et se savait gré des principes qu’elle lui avait inculqués.
M. Bouju-Gavart fut catégorique. Il déboutonna son vêtement, afin que l’aspect de son plastron empesé et de ses boutons en perles fines ajoutât à la solennité de sa mission, et il déclara :
— Madame, j’ai l’honneur de vous demander la main de mademoiselle Lucie Ramel, votre fille, pour M. Robert Chalmin, mon ami et successeur.
Elle feignit un grand étonnement : « Vous me prenez au dépourvu… Je n’avais jamais songé à cette éventualité… Lucie est si jeune !… Certes, je ne suis pas défavorable… »
M. Bouju-Gavart l’interrompit :
— Jouons cartes sur table. Robert ne veut pas s’occuper de l’argent : « Riche ou non, dit-il, elle me va comme elle est. » Que voulez-vous ! il en est fou. Mais moi, je raisonne de sang-froid, et j’avance des chiffres, en homme d’affaires.
Sur ce terrain on s’entendit rapidement.
Il revenait à Lucie de « son pauvre père » cent cinquante mille francs. Chalmin apportait sa situation commerciale. Les deux positions se convenaient donc à merveille.
— Quant au contrat, ajouta M. Bouju-Gavart, quoique Robert ne m’en ait pas ouvert la bouche, je puis affirmer qu’il préfère le régime de la