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Page:Leblanc - Une femme, 1893.djvu/284

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ajoutait à sa gaucherie. Élevé par des prêtres, sous la tutelle impérieuse de sa mère, il ne s’accoutumait pas à l’indépendance relative dont il jouissait. Le dimanche, aussitôt libre, il accourait chez ses parents.

Robert qui, justement, allait à la chasse, pria sa femme de le traiter avec affection. Obéissante, elle le combla de ses prévenances. Des aliments substantiels le réconfortaient, la gaîté de sa tante le mettait à l’aise. Lucie lui imposait la débauche d’un verre de cognac et d’un cigare.

Mais son rôle de bonne hôtesse la poussa plus loin. Et, pour le distraire, elle servit à ses yeux des coins de peau. Louis, croyant à des inadvertances, tournait la tête.

Cette discrétion aiguillonna Lucie. Un jour qu’il faisait jouer René dans la pièce voisine, elle lui cria de venir. Au moment où il entrait, elle sautait de son lit, les jambes nues. Elle dit simplement :

— Ah ! je pensais que le verrou était mis.

Elle dédaigna toute réserve, lui montra son corps, morceau par morceau. « Le busc de mon corset me blesse, aide-moi, veux-tu ? » La chemise tombait, découvrait la poitrine. Des troubles assaillaient l’enfant, mais il ne devinait pas le désir de sa tante, et il craignait qu’elle ne s’irritât d’un mot ou d’un geste.

Alors, exaspérée de cette timidité, elle le prit.