Page:Leblanc - Une femme, 1893.djvu/297

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ciables. Une visite à M. Lesire paya les premiers frais. Le vieillard consentit même à ce qu’on mît le local sous son nom.

Lucie, dorénavant, fut chez elle. Nul péril ne la menaçait. Le passage est un peu sombre. Elle entrait par la rue de la Grosse-Horloge, sortait par la rue Grand-Pont. En face de son escalier, se développait l’étalage d’un bouquiniste sans cesse plongé dans la lecture de ses livres.

L’entresol se composait de deux pièces, un petit salon et une chambre. Elle les arrangea gentiment, grâce aux largesses et à la complaisance de M. Lesire, qui servait d’intermédiaire entre Lucie et le tapissier. Les murs, les parquets et les plafonds furent recouverts. Une armoire renferma du vin et des liqueurs. Elle multiplia les glaces.

Combien de fois elle eut à se féliciter de sa décision ! Que de temps gagné ! N’avait-elle qu’un rendez-vous ? Elle l’expédiait en deux heures, et disait à Robert :

— J’ai à peine pris l’air, aujourd’hui, j’étais moulue.

Plusieurs engagements la liaient-ils ? Elle les tenait aisément, sans galoper d’un bout de la ville à l’autre. Au premier favorisé, elle soupirait :

— Hélas ! il faut que tu me quittes, mon ami, j’ai des courses importantes.