Page:Leblanc - Une femme, 1893.djvu/31

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procher d’elle, elle fut naturellement portée à le juger supérieur aux autres. Surtout, elle se sentait pour celui qui l’arrachait à son milieu morose des élans de reconnaissance qu’elle appelait volontiers de l’amour. En compensation à sa vie monotone, elle s’imaginait un avenir gai, riant, libre. Ces rêves accroissaient la somme d’affection dont elle disposait, et Robert en recueillait le bénéfice.

On célébra la cérémonie, en juillet, à l’église Saint-Vincent. M. Bouju-Gavart conduisit la mariée à l’autel, entre deux haies de curieux qui la dévisageaient à travers son voile. Chalmin accompagnait Mme Ramel. Un nombreux cortège suivait. Les dames portaient des robes somptueuses dont les queues balayaient le tapis. Les hommes avaient endossé le frac.

Le monde était venu en foule, et il s’élevait de la nef un bourdonnement de voix et d’exclamations étouffées. La messe fut longue et solennelle. On remarqua les notes basses d’un chantre. Le curé dit quelques mots pleins de tact et de bon sens.

Au départ, les deux époux se donnèrent le bras et redescendirent l’église lentement. Lucie, préoccupée de sa jupe, sur laquelle avait marché Robert, baissait les yeux. On approuva son maintien modeste et son émotion visible. Chalmin parut pâle et distingué.