Page:Leblanc - Une femme, 1893.djvu/326

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— Mon pauvre ami, dit-elle à Robert d’un ton protecteur, tu ne t’y entends nullement, on t’a exploité. D’ailleurs, les hommes !…

Elle renvoya la cuisinière. Elle devint plus exigeante avec les domestiques. Auparavant elle craignait de se les aliéner et qu’ils ne démentissent les explications fantaisistes qu’elle avançait à son mari sur ses heures de sortie et de rentrée. Leur témoignage ne l’effrayant plus, elle les rudoya.

Elle se levait tôt, surveillait la toilette des salons et des chambres, touchait de l’index le dessus des meubles pour juger de leur propreté et n’épargnait ni les reproches ni les menaces. Son apathie de Nice, effet du climat et de sa santé détraquée, se résolvait, sous d’autres influences, en un besoin d’action qu’elle satisfaisait notamment dans les menus et multiples détails de son intérieur. Mais sa lutte contre le monde fournissait aussi une besogne sérieuse à son énergie.

Mme Chalmin ne s’était point trompée. Sa réputation avait souffert de l’éloignement. Non que Lucie se fût trahie par quelque imprudence ou quelque atteinte à ses règles habituelles. Ses admirables précautions n’avaient point manqué leur but. Le mal provenait de ses amants eux-mêmes.

Comme Amédée Richard, d’autres s’étaient