Page:Leblanc - Une femme, 1893.djvu/328

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pour la Suisse, séjournèrent cinq semaines aux eaux de Schinznach, explorèrent Lucerne, le Saint-Gothard et les lacs italiens.

En octobre, à son retour définitif, il sembla à Lucie que plus rien ne l’attachait à son passé. Dix-huit mois la séparaient de la terrible catastrophe.

Aussitôt l’éducation de son fils réclama ses soins. Il touchait à sa douzième année et ces voyages continuels avaient troublé la régularité de ses études. Elle voulut cependant qu’il entrât en sixième, classe initiale où les élèves des institutions libres suivent les cours du lycée.

La faiblesse de René ne tarda pas à se traduire par des notes médiocres. Robert grogna. Sa femme fut désolée.

Souvent, elle montait au pensionnat, transféré à moitié route de la côte de Bois-Guillaume, trajet qui emplissait une grande partie de son après-midi.

Au parloir elle questionnait l’enfant sur ses leçons et le bourrait de bons conseils.

Un samedi, elle aperçut, parmi les dames, Henriette Berchon qui mangeait des gâteaux avec son fils Maxime. Elle pâlit. Leurs regards se croisèrent. Henriette la toisa d’un air insolent.

— Tu ne m’as pas raconté que Max Berchon était ici, dit-elle à René. En quelle classe est-il ?