Aller au contenu

Page:Leblanc - Une femme, 1893.djvu/52

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

vous », et insinua, en riant : « Si nous comparions ? »

Lucie défit son vêtement et sa robe. Et les deux jeunes femmes, en jupon, les bras et le cou nus, prirent des attitudes devant la glace. Des accès de gaieté secouaient leurs épaules. Elles jetaient de petits cris. Ce jeu les divertissait comme un plaisir défendu.

Mais du coin de l’œil elles s’observaient avec l’attention implacable de deux rivales. Nulle défectuosité ne leur échappait. Nulle beauté n’était louée sans réserve. Chacune d’elles s’arrogea la victoire.

Henriette s’écria :

— Il faudrait un juge pour décerner la palme !

Un frisson les parcourut à cette perspective d’un homme qui les examinerait ainsi. Toute confuse, Mme Chalmin se rhabilla.

Elles ne se quittèrent plus. Malgré la recommandation de son mari, Lucie accompagnait Henriette dans ses courses. Elles se confiaient leurs pensées secrètes.

Au mois de juillet, l’état général de Mme Bouju-Gavart laissant à désirer, son mari, sur le conseil des médecins, résolut de la conduire dans les Pyrénées. On leur recommanda Saint-Sauveur comme un endroit calme et pittoresque.

Ils supplièrent Chalmin de leur confier Lucie.