Aller au contenu

Page:Leblanc - Une femme, 1893.djvu/98

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Le vice l’attendait comme un fiancé, comme un maître auquel il faut obéir. Elle était condamnée à l’adultère, et elle ne pouvait pas plus échapper à son destin que ne peut échapper à la mort le criminel désigné par la justice humaine. Elle entrerait fatalement dans l’innombrable tourbe des coupables et des menteuses, comme elles, sans doute, ballottée d’amour en amour, comme elles abreuvée d’opprobres et de honte, comme elles promise à d’âpres voluptés et à d’inexprimables écœurements.

Aucun homme cependant ne se présentait. Alors ce fut elle qui chercha.

Elle chercha parmi les amis que Robert amenait aux repas, elle arborait des peignoirs qui plaquaient ses formes, et comme on s’étonnait de son indifférence au froid, elle déclarait :

— Et je n’ai que cela sur moi : au-dessous de la flanelle, c’est la peau.

On ne comprit pas ses avances.

Elle chercha autour d’elle, parmi ses relations, au théâtre, au bal. Elle quêtait les hommages, orgueilleuse, confiante de sa valeur et du bonheur dont elle disposait. Elle adopta les mises excentriques et des allures évaporées, et copia Mme Berchon, sans atteindre à son bon goût. Avisait-elle un monsieur bien mis, d’aspect convenable, elle avait une envie folle de lui saisir le bras, de l’attirer n’importe