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VICTOR, DE LA BRIGADE MONDAINE
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« Mais Arsène Lupin n’est pas un criminel… il ne tue pas…

— Il a pu y être obligé… pour son salut. »

Malgré l’effort que chacun d’eux faisait pour se dominer, l’entretien qui se continuait sur un ton indifférent prenait peu à peu tout son sens dramatique, dont Victor jouissait profondément. Il ne la regardait pas. Mais il la devinait toute frissonnante, et il sentit l’intérêt passionné avec lequel elle posa cette question :

« Que pensez-vous de cette femme ?

— La dame du cinéma ?

— Vous croyez donc que c’est la même femme qui était au cinéma et à la Bicoque ?

— Parbleu !

— Et que l’on a rencontrée dans l’escalier de la rue de Vaugirard ?

— Certes.

— Alors vous supposeriez ?… »

Elle n’alla pas plus loin. Les mots devaient lui être intolérables à prononcer. Ce fut Victor qui acheva :

« Alors, il est à supposer que c’est elle qui a tué Élise Masson. »

Il parlait en homme qui émet une hypothèse, et la phrase tomba dans un silence où il l’entendit qui soupirait. Il poursuivit, avec sa même intonation détachée :

« Je ne la vois pas clairement, cette femme… Elle m’étonne par ses maladresses. On dirait une débutante… Et puis, c’est trop bête de tuer pour rien… Car enfin, si elle a tué, c’est pour voler les Bons de la Défense. Or, Élise Masson ne les avait pas. De sorte que le crime fut absurde, bête comme tout ce qui est inutile. En vérité, pas bien intéressante, la dame…