Page:Leblanc - Victor de la brigade mondaine, 1934.djvu/118

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
VICTOR, DE LA BRIGADE MONDAINE
113

« Tous ceux qui ont une existence à part me captivent… Celui-là… tous les autres… doivent éprouver des émotions puissantes.

— Mais non, mais non, s’écria-t-il en riant, ne croyez pas cela… Ce sont des émotions auxquelles on s’habitue… On finit par agir aussi tranquillement qu’un brave bourgeois qui fait sa partie de manille. Évidemment, il y a des minutes pénibles, mais c’est rare. Presque toujours, pour peu qu’on y ait la main, ça se passe en douceur. Ainsi on m’a indiqué… »

Il s’interrompit, et se leva, prêt à partir.

« Excusez-moi… j’abuse de vos instants… »

Elle le retint, tout de suite animée et curieuse :

« On vous a indiqué ?…

— Oh ! rien…

— Si, racontez-moi…

— Non, je vous assure… Il s’agit d’un malheureux bracelet… Eh bien, d’après ce qu’on m’a dit, je n’aurais qu’à le cueillir… Aucune émotion… Une simple promenade… »

Il allait ouvrir la porte. Elle lui saisit le bras. Il se retourna, et elle demanda, les yeux hardis, avec toute la provocation d’une femme qui n’admet pas de refus :

« À quand la promenade ?

— Pourquoi ? vous voulez en être ?

— Oui, je le veux… je m’ennuie tellement !

— Et ce serait une distraction ?

— En tout cas, je verrais… j’essaierais… »

Il prononça :

« Après-demain, deux heures, rue de Rivoli, dans le square Saint-Jacques. »

Sans attendre la réponse, il sortit.