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VICTOR, DE LA BRIGADE MONDAINE

dans quarante minutes, mon chef, en l’espèce, M. Gautier, directeur de la Police judiciaire, escorté de quelques-uns de ses loustics, posera sa main sur l’épaule du sieur Lupin.

— Oui, mais d’ici là, mouchard ?…

— D’ici là ?

— Il passera de l’eau sous le pont.

— En es-tu certain ?

— Presque aussi certain que toi. D’ici là, le sieur Victor… »

Bressacq se carrait, d’aplomb sur ses jambes, les bras croisés sur sa large poitrine, plus grand que son adversaire, et combien plus solide et plus vigoureux d’aspect que le vieil inspecteur au visage ridé et aux épaules arrondies !

« D’ici là, prononça Victor — et lui aussi revint au tutoiement — d’ici là, tu resteras bien tranquille, mon bon Lupin… Oui, oui, ça te fait rire, un duel entre Victor et Lupin, et tu te sens rassuré maintenant que tu n’as plus affaire qu’à moi. Une chiquenaude, hein, et ce sera fini. Farceur, va ! Il ne s’agit pas de muscles aujourd’hui, ni de biceps, mais de cerveau. Or, vrai, sous ce rapport, Lupin, tu as été d’un faiblard, depuis trois semaines ! Quelle déchéance ! Comment, c’est ça ce fameux Lupin dont je me faisais un épouvantail ! Lupin l’invincible ! Lupin le géant ! Ah ! Lupin, je me demande si ce n’est pas la chance qui t’a favorisé jusqu’ici, et si toutes tes victoires et ta renommée ne viennent pas de ce que tu n’as jamais trouvé en face de toi un adversaire un peu d’aplomb !… comme moi !… comme moi ! »

Victor se frappait la poitrine, en répétant fortement ces deux mots