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VICTOR, DE LA BRIGADE MONDAINE
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« Tais-toi… Je te revaudrai ça… Sept ou huit mois de prison, pas davantage… et, à ta sortie, une bonne pension cent pour cent d’ancien combattant, et un bureau de tabac. Ça colle ? »

Cependant, les autres agents arrivaient. Ils avaient délivré le Grec, et celui-ci, soutenu par ses deux gardiens, agitait les bras et criait.

Quand il aperçut Bressacq, tout de suite il s’exclama :

« Je le reconnais ! Voilà celui qui m’a frappé et bâillonné ! Je le reconnais ! »

Mais il s’arrêta, frappé d’horreur. On dut le soutenir. La main tendue vers l’étagère aux souvenirs, il bégayait :

« Ils m’ont volé les dix millions ! L’album de timbres-poste ! Une collection sans prix ! Je pouvais la revendre pour dix millions. Vingt fois on me les a offerts… Et c’est lui, c’est lui !… Qu’on le fouille !… Misérable !… Dix millions !… »


III


On fouilla Bressacq qui, dans son désarroi, n’opposa aucune résistance.

Victor sentait peser sur lui deux regards obstinés, celui d’Alexandra qui avait écarté son mouchoir et relevé la tête, et celui de Bressacq qui le contemplait avec stupeur. Les dix millions disparus… Mais, en ce cas ?… La pensée de Bressacq se précisait en lui, et il bredouilla quelques mots, comme s’il était sur le point de la formuler à haute voix, cette pensée accusatrice, et de se défendre, et de défendre Alexandra. Mais les yeux de Victor, fixés sur Bressacq, étaient