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VICTOR, DE LA BRIGADE MONDAINE
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vision. Mais comme j’ai souffert de ce double rôle que j’étais contraint de jouer pour vous approcher ! Quelle vilaine comédie ! Et puis, cet homme m’exaspérait… Je le détestais, et en même temps, je sentais grandir en moi un sentiment de curiosité et de tendresse pour la femme qu’il avait dupée avec mon nom… un sentiment mêlé d’irritation contre elle, et qui n’était, au fond, que l’amour, grave et passionné, que je n’avais pas le droit de vous offrir et que je vous offre aujourd’hui. »

Il s’interrompit. Il n’attendait pas de réponse… il ne voulait pas de réponse, même. Après avoir parlé pour lui et pour dire ce qu’il pensait, il parla pour elle, sans qu’elle songeât un instant à s’opposer aux douces paroles qui s’insinuaient en elle.

« Ce qui me touchait le plus profondément en vous, et qui me montrait un peu de votre état d’âme, c’est votre confiance instinctive. Je la volais, cette confiance, et j’en étais honteux. Mais elle venait vers moi, à votre insu, et pour des raisons secrètes, dont vous ne vous rendiez pas compte… pour une raison surtout… le besoin de protection qui est le fond de votre être. Vous n’étiez pas protégée par l’autre… Cette sensation du danger, qui vous est indispensable par moments, elle devenait près de lui une angoisse que vous ne pouviez plus tolérer. Auprès de moi, et dès la première minute, tout en vous se calmait. Tenez, l’autre nuit, au plus fort de votre épouvante, vous vous êtes détendue, et vous n’avez plus souffert dès que l’inspecteur Victor eût imposé sa volonté. Et, à partir de l’instant où vous avez deviné qui était réellement l’inspecteur Victor, vous avez su que vous n’iriez pas en prison. Et vous avez attendu la police, sans crainte. Et vous êtes montée dans l’auto