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VICTOR, DE LA BRIGADE MONDAINE

baron avait sonné vers onze heures du soir pour demander le cordon, et frappé vers six heures du matin pour s’en aller. Au cours de la nuit, personne n’avait passé ni dans un sens ni dans l’autre. Comme il n’y avait que trois appartements loués et que les autres locataires ne sortaient jamais le soir, le contrôle était facile.

« Quelqu’un d’autre que vous peut-il, de l’intérieur, ouvrir la porte ?

— Pour ça non. Il faudrait entrer dans ma loge, et je ferme à clef et au verrou.

Mme d’Autrey sort quelquefois dans la matinée ?

— Jamais. C’est Anna, leur vieille bonne, qui fait le marché. Tenez, la voilà qui vient de l’escalier de service.

— Il y a le téléphone dans la maison ?

— Non. »

Victor s’en alla, perplexe, partagé entre des idées contradictoires. Au fond, quelles que fussent les charges relevées contre le baron, il était impossible de mettre en doute l’alibi que les circonstances imposaient en sa faveur : à l’instant du crime, il se trouvait auprès de sa femme.

À la gare, où il retourna, après son déjeûner, il posa cette question :

« Le baron d’Autrey, dont le passage est forcément remarqué lorsqu’il y a peu d’affluence, a-t-il pris ce matin un des premiers trains ? »

La réponse unanime et catégorique : non.

Alors, comment s’en était-il allé de Garches ? Tout l’après-midi, il recueillit des renseignements sur le ménage d’Autrey auprès des fournisseurs, du pharmacien, des autorités, des employés de la poste. Cette