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VICTOR, DE LA BRIGADE MONDAINE

« J’ai sonné… Personne ne répondant, je me suis permis… »

Gustave Géraume, un assez bel homme d’environ quarante ans, au teint fleuri, se mit à rire :

« Vous avez entendu ? Une petite scène de ménage… Aucune importance… Henriette est la meilleure des femmes… Mais entrez donc dans mon bureau… À qui ai-je l’honneur ?…

— Inspecteur Victor, de la Brigade mondaine.

— Ah ! l’histoire du pauvre père Lescot ?…

— Je viens plutôt, interrompit Victor, me renseigner sur votre locataire, le baron d’Autrey… En quels termes êtes-vous tous deux ?

— Très mauvais termes. Ma femme et moi, nous avons occupé durant dix ans l’appartement que nous leur louons maintenant dans notre immeuble, et c’est un déluge de réclamations, chicanes, exploits d’huissier… et pour rien, par exemple au sujet d’une deuxième clef de l’appartement que je leur ai remise et qu’ils prétendent n’avoir pas reçue ! Bref, des bêtises.

— Et finalement, bataille, dit Victor.

— Vous savez donc ? Ma foi oui, bataille, fit en riant M. Géraume. J’ai reçu, en plein nez, un coup de poing de la baronne… qu’elle regrette, j’en suis sûr.

— Elle, regretter quelque chose ! s’écria Mme Géraume. Elle, cette chipie, cette grande rosse, qui passe son temps à l’église !… Quant à lui, Monsieur l’inspecteur, un homme taré, ruiné, qui ne paie pas son loyer, et qui et capable de tout. »

Elle avait une jolie figure, aimable et sympathique, mais une voix éraillée, faite pour les invectives et la colère. Son mari, d’ailleurs, dut lui donner raison, et