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Page:Leblanc - Victor de la brigade mondaine, 1934.djvu/46

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VICTOR, DE LA BRIGADE MONDAINE
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— Cependant, aucun des employés ne vous a vu.

— Le train venait de passer. Dans ce cas-là, j’ai coutume d’aller jusqu’à la station de Sèvres, qui est à vingt-cinq minutes de distance. Ma carte d’abonnement m’en donne le droit.

— On vous y connaît ?

— Moins bien qu’ici, et les voyageurs y sont beaucoup plus nombreux. J’étais seul dans mon compartiment. »

Il envoyait ses ripostes sans hésitation, d’un coup. Elles étaient formelles, et constituaient un système de défense si logique qu’il était difficile de ne pas l’accepter, provisoirement du moins, comme l’expression même de la vérité.

« Pourrez-vous m’accompagner demain à Paris, monsieur ? dit Victor. Nous y rencontrerons les personnes avec qui vous avez dîné hier soir et celles que vous avez vues aujourd’hui. »

À peine acheva-t-il sa phrase que Gabrielle d’Autrey se dressa près de lui, les traits bouleversés par l’indignation. Il se souvint du coup de poing lancé à M. Géraume, et il eut envie de rire car la dame avait un air comique. Elle se contint. Son bras s’allongea vers le mur où pendait une image sainte et elle prononça :

« Je jure sur mon salut éternel… »

Mais l’idée même du serment à propos d’attaques aussi misérables dut lui paraître inconvenante, elle ébaucha un signe de croix, marmotta quelques mots, embrassa son mari avec tendresse et compassion, et s’en alla.

Les deux hommes restèrent debout l’un en face de l’autre. Le baron demeurait silencieux, et Victor fut stupéfait de constater que la belle apparence de sa figure,