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VICTOR, DE LA BRIGADE MONDAINE

prenait rien. Son mari s’était jeté sur elle, subitement, alors qu’ils parlaient en bonne amitié.

« Il est si malheureux ! ajouta-t-elle. Tout ce qui arrive là lui fait perdre la tête… Jamais il ne m’a frappée… Il ne faut pas le juger là-dessus. »

Elle lui tenait, la main et le regardait affectueusement, tandis que lui, les yeux rouges, l’air lointain, vieilli de dix ans, pleurait.

Victor posa une question à la baronne.

« Vous affirmez toujours que votre mari est rentré à onze heures, jeudi soir ?

— Oui.

— Et qu’après s’être couché, il vous a embrassée ?

— Oui.

— Bien. Mais êtes-vous certaine qu’il ne s’est pas relevé une demi-heure ou une heure plus tard ?

— Certaine.

— Sur quoi fondez-vous votre certitude ?

— S’il n’avait plus été là, je l’aurais bien senti, puisque j’étais dans ses bras. En outre…

— En outre… »

Elle rougit, comme il lui advenait souvent et elle murmura :

« Une heure plus tard, encore tout assoupie, je lui ai dit : « Tu sais, aujourd’hui, c’est mon anniversaire. »

— Alors ?

— Alors il m’a embrassée de nouveau. »

Sa réserve, sa pudeur, avaient quelque chose d’attendrissant. Mais, toujours, revenait cette question : ne jouait-elle pas la comédie ? Si profonde que fût l’impression de sincérité qu’elle donnait, ne pouvait-on supposer que, pour sauver son mari, elle