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Page:Leblond - Leconte de Lisle, 1906, éd2.djvu/120

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LECONTE DE LISLE

universitaire sous son véritable jour ! Le portrait extérieur des étudiants de la ville de Kerepes est un modèle d’ironie étincelante d’esprit et d’imagination. Qui mieux que lui a jamais peint d’un seul coup de pinceau, si profond d’intention, le pédantisme allemand personnifié dans le professeur d’histoire naturelle Mesch Terpin ? Il suffit de lire avec attention le conte de Cinabre, pour exprimer une idée lumineuse de ces petites cours princières d’Allemagne, si fécondes en traits de routine gouvernementale, et dirigées par la plus absurde des étiquettes.


Le mérite génial de l’œuvre d’Hoffmann est d’avoir réagi contre la mélancolie nationale. Et déjà Leconte de Lisle a reconnu dans un poète nouveau de l’Allemagne un esprit fraternel de celui d’Hoffmann :


Nous ne pensons pas que l’esprit enthousiaste de mélancolie ou trée qui caractérise les Allemands puisse jamais être ramené aux beautés plus réelles d’une pensée sévère, mais s’il est donné à quelqu’un de diriger la littérature actuelle vers ce noble but, nul ne réussirait mieux, ce nous semble, que M. Henri Heine, ce nerveux et brillant écrivain, dont nous avons tous admiré les remarquables études sur le génie d’Allemagne.


De l’Angleterre il admire Shakspere : « Connaît-on un autre Shakspere ? » Enfant, grandissant dans une île qui n’eut pas de passé historique, il avait éprouvé le charme solennel et embrumé du Moyen-Âge septentrional à la lecture des romans chevaleresques de Walter Scott. Et, jeune créole d’Orient épris de gloire, de jeunes filles et de voya-